Intervention au CNF de Midi Pyrénées

  En ces temps troublés où la violence prend plus de place dans les médias que les
revendications sociétales, en ces temps où le mot syndicat ressemble à un gros mot,
où le militantisme syndical semble ringard… paradoxalement on n’aura jamais autant
vu et entendu la CFDT, maintenant 1ère OS.
Notre ligne claire, sans ambiguïté, sans tentative de récupération de gilets jaunes a
permis de faire percer notre souhait d’un pacte social et écologique. Cette attitude
qui dépasse les adhérents et les murs des entreprises.
Les gilets jaunes ont rebattu les cartes du dialogue social. Les partenaires sociaux,
ignorés par Macron, ont bien du mal à se faire une place. Pourtant, la CFDT, Laurent
Berger, est à l’aise pour diffuser ses idées. Mais sommes-nous là dans notre rôle ?
jusque-là, notre place n’était que dans l’entreprise. Aujourd’hui, nous en dépassons
les limites. Est-ce cela le syndicalisme de demain. Midi PY souhaite que le débat soit
ouvert sur cette mutation qui s’opère et qui est certainement, si rien ne change en
termes d’adhésion syndicale, notre nouveau schéma de revendications.
Si nous ne pouvons qu’être fiers de voir notre organisation ainsi mise en avant, il faut
être prudent sur une image qui peut très vite basculer vers la face politique pure du
système. Hier, inertie face aux lois de modification du droit du travail (Rebsamen, loi
travail, Ordonnance, …) qui ont tronqués les moyens des élus du privé, aujourd’hui
« impulseur » d’idées pour lutter contre Macron.
Le principal est notre survie. Le taux de syndicalisation ne rend pas confortable la
situation, même si dans ce domaine, la CFDT s’en tire honorablement. Mieux que
d’autres OS, mieux que les partis politiques.
Et justement, la CFDT n’est pas un parti politique. Notre mission est et reste la
défense du travailleur, partout. En association avec d’autres organisations, 66
propositions ont ainsi vu le jour…. Faisant mieux que les 33 propositions faites en son
temps par notre fédération…. Sortir de l’entreprise pour s’emparer des
problématiques pauvreté, écologie, etc doit être réfléchie et surtout visible. Quelques
thèmes marquants : évolutions digitales, formations, vie pro-vie perso, transition
énergétique impact travail… se retiendra plus facilement …. Enfin !
Car développer nos idées, être présent sur la scène publique c’est très bien. Mais il
faut peut-être aussi inviter les français à rejoindre « Notre cercle CFDT », à adhérer à
un syndicat qui ose la différence, et est porteur d’idées progressistes :
  Echanger points de vue et raisonnements,
  Etre une organisation forte en adhérents,
  Reprendre la main du dialogue social.
 Allons jusqu’au bout de la démarche initiée par Laurent Berger. Il nous faut débattre
sur ce que doit être la CFDT demain : quelle place, quels moyens, quelle organisation
au plus proche des français. Ne sommes-nous pas ce lien de proximité si chère à la
société française ?
Car ce lien de proximité, que nos militants tentent désespérément de maintenir,
mérite à lui seul un focus sur les moyens accordés. Nous avons déjà soulevé notre
profond désaccord suite aux lois Rebsamen et suivantes. Dans le public, la réduction
drastique des moyens syndicaux impacte fortement nos forces sur le terrain. La
surcharge de travail, la surcharge cognitive est un thème qu’il nous faut prendre
rapidement en considération. On ne peut plus se permettre de voir nos moyens
s’évaporer sans qu’aucun investissement sur l’entreprise initiale ne soit opérée.
Heureusement, à La Poste, les résultats des élections professionnelles de décembre
derniers ont permis de limiter la diminution des moyens. Sur Midi Py, nous sommes
très satisfaits de nos résultats, 1er sur 2 DR, avec un 41% sur celle de Rodez – si on ne
veut pas se faire engueuler par la SF en charge du Réseau – et de bons scores mais
encore à améliorer sur les DSCC.
Sur cette branche, les impacts d’EVMS sont anxiogènes et l’accompagnement de
proximité est impératif. Nos cadres courrier sont prêts aussi à prendre en charge ce
dossier au niveau national aux côtés du Secrétaire Fédéral.
Globalement, sur les métiers appui et support, le malaise est important. EVMS, DAST
202O et SLD. Les postiers et postières impactés par ces projets sont dispersés aux 4
coins des territoires et les suivre relève du Grand Défi. Si la ligne politique est
nécessaire, la maîtrise des technicités des métiers est aussi importante.
Pour les 3 prochaines années, la Poste va connaitre une mutation terrible. Nous
avons besoin de la vision et action politique de la Fédé, en qui nous faisons
entièrement confiance. Cependant les aspects techniques doivent être étudiés. A cet
effet, la fusion des liaisons métiers vont dans le sens de l’histoire. Mais plus de
200 000 postiers, avec des centaines de métiers différents ne peuvent être traités en
une journée de 6 heures (pause déjeuner comprise).
C’est pour cela que le S3C Midi Py a décidé de prendre en charge les nuitées
supplémentaires si les liaisons métiers étaient portées à deux jours.
Dans le privé, et plus précisément pour le pôle CPUB, c’est l’année des élections. Les
sollicitations à des négociations de PAP pleuvent et nous ne pouvons y répondre
complètement. Heureusement, les autres pôles répondent présent et permette de
palier autant que possible à ces demandes.
Mais que constatons nous ?
Au mieux, une diminution drastique de nos moyens (En moyenne, d’un facteur 5)
avec la volonté de nos directions de tout rationaliser, moins de réunion, moins
d’expertise, moins d’information et surtout, moins de présence sur le terrain.
Au pire, le minimum légal, l’ordre public, et peu de possibilité de négociation. Les
accords sur les moyens du CSE sont minoritaires et la proposition des directions dans
nos PME se limite à un PAP de base.
Le CSE en réduisant par sa définition même l’empreinte des IRP sur le monde du
travail, pose la question : comment faire mieux avec moins de moyens ?
Le CSE, en professionnalisant nos militants, avec la limitation du nombre de mandat,
va avoir pour effet de limiter le renouvellement générationnel et les rendre plus
fragile au pression de nos directions. Ne vous y trompez pas, sans mandat, un ancien
élu ne fait pas de vieux os dans nos sociétés violemment antisyndicales.
Nous nous devons de gagner ou tenter de gagner ces élections :
  Pour aider les salariés des effets induits de certaine des dispositions des
ordonnances Macron (en particulier des accords de compétitivité, …)
  Pour nos militants et adhérents
  Pour aider la CFDT à garder sa 1ère place.
 Pour cela, nous avons besoin de notre fédération, de son appui et de son soutien, oui
bien sûr, financier, mais surtout juridique, de formation, humain, etc. …
Ce soutien est là, mais il ne faut pas que les considérations financières prennent le
pas sur le besoin politique. Cette année 2019 est unique et demande des efforts
considérables qui ne seront plus à renouveler en 2020 et 2021.
Pour le pôle PRESTA, la prime défiscalisée annoncée par le gouvernement en
décembre, a fait les beaux jours des patrons des centres d’appels. Certains s’y sont
jetés dessus comme TELEPERFORMANCE (600 euros), HOME FRIEND (500 euros),
d’autres sont restés proche de la symbolique SITEL (100 euros), et COM DATA n’a pas
sauté le pas. Reconnaissant ainsi qu’ils maintiennent leurs salariés au plus bas niveau,
de rémunération, en cherchant simplement à défiscaliser au maximum.
Les grandes entreprises du secteur font parties des entreprises prioritaires grâce à la
bonne anticipation de la fédération.
Gage est de constater, qu’il existe encore des travailleurs pauvres dans les centres
d’appels français. Ils sont largement mis en compétition avec leurs sites placés en OFF
SHORE. La mondialisation, le besoin de conserver les clients donneurs d’ordre, la
compétition intense entre entreprises du secteur, le développement de l’intelligence
artificielle contribuent à maintenir les salaires au plus bas niveau. Cette prime aura un
fort impact sur nos futures négociations salariales. Si les coefficients intermédiaires
ont légèrement augmenté avec l’accord sur les salaires signés au printemps 2018, il
n’a été appliqué en début d’année sans rétroactivité, limitant ainsi l’impact de
l’augmentation du SMIG.
Nous attendons bien évidement les retours du grand débat interne, ainsi que du
national afin de voir s’amorcer un virage en notre direction nous permettant de tenir
la tête hors de l’eau tout en vivant dignement de notre travail.  
Je vous remercie.

Marie-Pierre GIACALONE
En charge des prestataires de service
 CFDT S3C Midi-Pyrénées